Tango, psycho, philo, pédagogie, musique, spécificité du tango argentin...

 

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                              Transcription  d'une interview de Véronique Saféris

                           pour Ouest Track Radio. Emission El tango, 23 juillet 2017

 

-Ouest Track Radio: Bonjour à tous et à toutes. Notre invitée du jour est psychologue, psychanalyste, danseuse, musicienne. Ce sont des recherches personnelles et artistiques qui l'ont amenée au tango il y a une dizaine d’années. Nous évoquerons avec elle ce qu'elle a créé à partir du tango argentin.

Écoutons ensemble Por la huella de Rodolfo Biagi. Nous retrouvons l'invitée juste après.

Véronique Saféris, vous distinguez la tangothérapie santé et les approches psychologiques du tango. La tangothérapie-santé consistant à danser le tango en groupes spécifiques de personnes ne pouvant aller à la milonga pour des raisons médicales ou de handicap; contrairement aux approches psychologiques, les psychotangothérapies, à visée psychothérapique et de développement personnel. Dans le cadre de cet entretien vous allez surtout nous présenter la tangothérapie/développement personnel pour tous, car vous avez créé des approches nouvelles et c'est en cela qu'est votre spécialité. Véronique Saféris, pouvez-vous nous en dire plus?

-Véronique Saféris: En tant que psychologue psychanalyste, ce que j'ai créé je l'ai appelé les psychotangothérapies. C'est à dire que l'on part des effets psychologiques du tango et c'est à partir de cela que l'on travaille essentiellement. Donc j'ai créé des propositions, je me suis servie de ce qui se passe sur le plan psychologique et corporel-relationnel dans le tango argentin, -sachant que les bénéfices physiques sont toujours présents-. J'ai analysé les éléments de ce qui se passe dans les interactions entre les personnes dans un bal de tango argentin. C'est à dire qu'il y a deux personnes qui vont danser dans un groupe. Ces deux personnes vont se choisir. Elles doivent manifester leur désir. Leur désir n'est pas forcément le même que celui de l'autre. Ce qui veut dire que ce n'est pas parce-que moi je vais avoir envie de danser avec un danseur que lui voudra danser avec moi. Et vice versa. Il y a des codes d'invitation que l'on appelle la mirada et le cabeceo: le regard puis ensuite le cabeceo, le signe de tête. Il y a vraiment plusieurs temps très codifiés et ça oblige à montrer son désir, ça oblige à affronter le désir de l'autre; c'est à dire est-ce que l'autre veut de moi ou ne veut pas de moi? Et puis évidemment toutes les projections qu'on peut mettre par là dessus: pourquoi l'autre ne veut pas de moi? peut-être qu'il veut danser avec quelqu'un qui…ceci ou cela, alors que l'autre n'a pas forcément les mêmes motivations, c'est peut-être tout simplement qu'il n'a pas envie de danser cette musique-là ou qu'il a mal aux pieds ou qu'il doit juste se reposer ou qu'il veut danser avec quelqu'un d'autre avant..., il ou elle puisque l'invitation est absolument égalitaire.

-Radio Ouest Track: En fait on apprend à se connaître, soi, en dansant le tango?

-Véronique Saféris : Voilà exactement. C'est à dire que dans la relation avec l'autre et avec la nécessité de l'expression de notre propre désir on a un miroir de notre fonctionnement: moi je pense que je veux faire telle chose avec telle personne et l'autre me renvoie forcément quelque chose de différent de ce que j'avais imaginé. C'est donc dans cet écart entre ce que moi j'imagine de ce que je voudrais faire avec l'autre et ce que l'autre me renvoie de ce que lui-même -ou elle-même- imagine des choses qui lui sont propres, qu'il y a une espèce de mini choc, une rencontre, une confrontation, avec lequel on doit faire pour arriver à danser ensemble. Parce-que comme vous le savez le tango est une danse d'improvisation. On arrive dans les bras de l'autre, plus ou moins près car on ajuste aussi sa distance en fonction de qui on est. Même si on parle d'abrazo ouvert, d'abrazo fermé, tout ça est en fait très formel. En fait chacun a un abrazo différent de l'abrazo de quelqu'un d'autre, c'est surtout dans l’interaction de cette rencontre et de ces abrazos, dans la façon de se prendre dans les bras, que ça ne sera jamais pareil dans la rencontre, ni avec la même personne, ni a fortiori un autre jour ou un autre moment. Ce n'est jamais pareil. C'est cette confrontation à l'autre qui nous renvoie à un effet miroir. On se voit fonctionner grâce à l'autre.

La plupart des danseurs réguliers qui dansent déjà depuis quelques années et régulièrement disent "danser le tango a changé ma vie". C'est quelque chose que j'ai vécu. Je me suis rendue compte que danser le tango avait changé ma vie et qu'il nous transforme. Les autres danseurs le vivent aussi. Alors je me suis demandé, évidemment en tant que psychologue, avec mon goût pour la recherche, pour l'observation et la compréhension des phénomènes psychologiques, qu'est-ce qui se passe dans ce tango argentin pour que ce soit tellement puissant et que ça transforme tellement les gens?

Finalement c'est ce que j'ai appelé les effets psychologiques spontanés du tango. Je les ai donc analysés et j'en ai fait des outils pour pouvoir travailler dans différents domaines.

-Il y a le domaine psychothérapique que j'ai appelé tangothérapie psychanalytique, psychothérapie de groupe ou de couple et mouvement relationnel. Cela se passe dans un cadre tout à fait thérapeutique où évidemment je ne danse pas avec les patients, je suis en position de psychanalyste. Les patients ne dansent pas le tango. Je leur fais des propositions de mise en mouvement relationnel qui sont en relation avec ce qu'ils me disent. Un peu comme des séances de psychodrame. Là c'est très technique, mais ce qui peut peut-être intéresser vos auditeurs c'est le reste des propositions que j'ai mises en place qui partent des mêmes constatations et des mêmes outils mais utilisés dans un cadre différent.

-Il y d'une part la pédagogie que j'appelle «Apprendre à danser le tango autrement» parce-que contrairement à un cours classique, entre chaque période d'apprentissage je m'arrange pour que les élèves parlent entre eux de leur expérience, c'est à dire par exemple: - Voilà moi j'ai senti ça, - Ah! tu as voulu me faire faire un pas côté avec un transfert de poids mais moi, ton transfert de poids je ne l'ai pas senti..., -Pourtant j'étais vraiment sûr de l'avoir bien marqué pour que tu le ressentes ...

Donc à partir de ces échanges d'expériences, il se passe le même processus qu'en psychothérapie, mais dans un cadre pédagogique. Cela favorise et rend plus rapide ce processus naturel de transformation grâce au tango. Par cette voie pédagogique, dans laquelle en plus, on change de rôle systématiquement, il n'y a pas de guideur et de suiveuse en fonction des sexes, comme traditionnellement l'homme qui guide et la femme qui suit. Tout le monde essaye les deux rôles pour se mettre du point de vue de l'autre. Comme cela on n'a pas ce qui se passe souvent dans les cours, particulièrement les premières années ou, il peut sembler plus simple au début de suivre que de guider. Évidemment, on le sait quand on danse depuis longtemps, on se rend bien compte que suivre est extrêmement complexe, autant que de guider. Ce sont juste deux processus mentaux différents et complémentaires. Dans les cours on voit souvent au début les danseuses qui s'ennuient et ne comprennent pas pourquoi tel danseur n'arrive pas à leur guider tel pas. Dans mes cours, cela n'arrive pas, puisqu'on essaye le point de vue de l'autre et que du coup on comprend la difficulté de chaque rôle, sa complexité et tout ce que ça demande.

Et puis dans mes cours il y a aussi une grande part à l'improvisation. Puisque le tango est une danse d'improvisation, j'y tiens beaucoup. On n'apprend pas de séquences par cœur, mais on travaille plutôt à partir de points techniques: par exemple comment faire un pas, comment transférer son poids, comment faire un pivot, comment enchaîner différents pas, ce qui peut produire des tours, à quel moment met-on des pivots... Ainsi on travaille plutôt ces points techniques et ensuite ce sont les élèves qui proposent chacun leur tour un pas différent à rajouter au précédent, d'où qu'il soit, guideur ou suiveur. On arrive à faire des séquences de créations collectives qui sont très intéressantes, où finalement on a créé des séquences à partir du désir de chacun. En plus ça créé aussi une cohésion du groupe et les participants de mes cours forment des groupes avec beaucoup d'amitié et de bienveillance. Tout se passe d'une façon vraiment très très agréable, et puis on avance d'une façon très pointue et profonde. Donc ce processus du tango, ce n'est pas seulement qu'en apprenant des pas, comme vous l'aurez compris.

-Et puis, il y a un autre aspect de mes propositions, c'est que j'appelle les ateliers Labotango et Labocontact qui sont mensuels en général, qui sont vraiment des ateliers d'improvisation et qui proposent de vivre les étapes que l'on vit dans le tango: dans la mise en contact avec l'autre, dans le maintien de ce contact, ou alors comment je m'approche de l'autre, jusqu'où je m'approche, comment je quitte l'autre...

Par exemple dans le Labotango, je propose de vivre toutes les étapes par lesquelles on passe quand on va au bal mais sans danser le tango. C'est donc ouvert à tous, aussi bien les danseurs professionnels que les débutants ou des gens qui n'ont jamais dansé. Tout ce monde-là se mélange avec bonheur et il s'agit de vivre les étapes mais du point de vue psychologique personnel. Par exemple, je suis seule et je décide que ce soir je vais aller au bal. Là il y a une espèce d’excitation qui monte, un peu comme un rendez-vous, ou quand on a décidé de faire ce soir quelque chose qu'on aime bien faire. Alors, je suis seule, donc j'y pense, je m'y prépare. Et s'y préparer ça peut être y penser ou appeler des amis pour s'y retrouver, ou quelle robe je vais porter, ou comment je vais m'habiller, quelles chaussures, comment je vais me coiffer, comment je vais me maquiller. Et puis après il y a le chemin pour y aller. Comment va se passer ce chemin à partir de chez moi pour aller à la milonga. Puis, quand je vais arriver, comment je vais me positionner? J'arrive, j'entends la musique au loin, je vais rencontrer des gens. Est-ce que je vais leur dire bonjour ou pas tout de suite? Quelles sont les stratégies pour rentrer en contact avec les autres? Est-ce que je suis déjà stratégique ou pas lorsque j'arrive, par rapport à des gens que je voudrais déjà inviter? Comment je vais me comporter dans un groupe? Comment je vais me comporter avec mon partenaire? Comment ça va se passer dans la danse? Comment ça va se passer avec les autres? Comment je vais partager l'espace commun dans le groupe du bal?

Je propose donc de vivre toutes ces étapes d'une façon ludique et expérientielle en faisant des propositions en mouvements interactifs qui ne sont pas des mouvements de tango puisque par définition c'est ouvert à tous et les gens ne savent pas forcément danser le tango. Mais par contre, ils vivent les éprouvés et les mises en situation du tango. Tout ça ce sont des outils structurels que j'ai analysés pour en faire aussi des propositions en psychothérapie.

Vous voyez, ces outils là servent aussi bien sur le plan psychothérapique, que pour proposer des ateliers expérientiels et artistiques, que pour proposer des ateliers et des cours en pédagogie du tango.

-Et puis il y aussi les stages de tangothérapie qui durent plus longtemps, une journée, un week-end. Là, je peux proposer des thèmes, autour de tout ce que je vous disais précédemment sur la façon dont on rentre en contact avec l'autre. Est-ce qu'on va donner plus ou moins de poids à l'autre? Est-ce qu'on va le serrer plus ou moins? Comment on va le toucher? Quel type de toucher? ...

Tout cela est très subtil et complexe. Je travaille autour de la prise de conscience de ce qui se passe dans les interactions avec nos partenaires. Tout cela étant bien sûr l'idée de base de toutes mes propositions. C'est à la fois philosophique et psychologique, il se passe dans un bal de tango argentin exactement tout ce qui se passe dans la vraie vie mais en concentré. Parce-qu'il y a beaucoup de désir lorsqu'on va au bal, il y a une espèce de tension désirante. L'autre et les autres sont également pris dans ces phénomènes de désir et d'arriver à faire ce qu'ils veulent faire. Donc c'est extrêmement intense et on a des vécus très forts dans un bal, qui sont exactement les mêmes que ceux que l'on peut vivre dans notre vie professionnelle, ou même dans le métro, sur les trottoirs, dans notre vie de famille, notre vie amoureuse... Toutes les situations de la vie, sauf que dans un bal de tango argentin tout ça est absolument décuplé voire centuplé. Donc il se passe dans un bal de tango argentin ce qu'il se passe dans la vraie vie mais en concentré. Mes propositions tournent autour de ça, travailler autour de toutes ces interactions à deux et dans un groupe, évidemment structuré par la musique.

La musique, il faut en parler parce-qu' évidemment sans la musique il n'y aurait pas de tango argentin. Evidemment la musique est absolument centrale, c'est la colonne vertébrale du bal. Tout le monde écoute la même musique et ce qui est très frappant c'est que même si tout le monde danse la même musique il n'y a pas deux couples qui la dansent de la même façon. C'est aussi ça que je mets en évidence, cette singularité de chacun dans la rencontre. Il n'y a pas d'uniformisation, il n'y a pas de chorégraphie, c'est de l'improvisation et ça laisse libre cours à l'expression de soi avec l'autre et c'est pour moi une des manifestations les plus évidentes de la relation humaine totale: d'un être à un autre, comme une conversation sans les mots. Dans un premier temps, on converse, on fait un chemin, pendant un temps donné. C'est une métaphore que j'utilise beaucoup qui me sert de structure à la pensée que j'ai créée autour de la tangothérapie psychanalytique. Par extension, je le propose à tous en développement personnel, c'est cet aspect philosophique du tango: on fait un bout de chemin ensemble pour un temps donné et on s'est choisi pour le faire. Donc c'est applicable à toutes les situations de la vie. Si vous décidez d'aller au restaurant avec un ami, si vous décidez d'aller au cinéma, de partir en vacances, vous avez un projet pour un temps donné. Même si vous allez au travail, même si ce n'est pas toujours dans le plaisir et le désir, il y a quand même la nécessité donc il y a toujours des choses qui se passent dans les interactions, dans les équipes, dans les groupes. Il s'agit de savoir que l'on chemine ensemble pour un temps donné, alors au niveau métaphorique évidemment un temps donné c'est la vie et la mort. Il y a de toute façon toujours un temps défini et on revit ça en permanence dans le tango en cheminant dans le sens anti-horaire, c'est à dire contre le temps. Le sens naturel du bal c'est le sens anti-horaire, comme si on voulait en groupe -comme le font tous les groupes humains d'ailleurs, dès qu'ils cheminent ensemble- cheminer dans le sens anti-horaire pour lutter tous ensemble contre le temps, en s'amusant et en communiquant, dans des échanges extrêmement intenses et riches, qui peuvent également engendrer, pas que du plaisir d'ailleurs, et c'est aussi là-dessus que je travaille.

Ouest Track Radio: Véronique Saféris, connaissez-vous d'autres danses qui pourraient proposer des effets similaires au Tango?

Véronique Saféris: Toutes les danses ont des effets bénéfiques pour la santé. C'est bien connu. On fait danser des gens pas forcément dans des formes particulières, comme par exemple dans des maisons de retraite où tout de suite les gens s'animent, vont mieux, ont une meilleure motricité, retrouvent le sourire... Tout le monde le sait, danser fait du bien.

Pour moi, la spécificité du tango par rapport aux autres danses, c'est l'improvisation, dans un déplacement. Contrairement au rock ou à la salsa, où la bulle du couple trouve une petite place dans la salle de bal pour danser dans son espace, là il s'agit de danser ensemble tout en cheminant dans un groupe, sans se rentrer dedans, sans se faire mal. On doit toujours protéger sa bulle et avoir conscience de l'altérité de l'autre dans le couple, plus l'altérité du groupe et des autres couples autour de nous. Ce cheminement ensemble, avec la même musique qui rythme ce déplacement, dans cette improvisation dans le corps à corps est l'autre spécificité à mon sens. On est dans l' abrazo, c'est à dire plutôt dans un contact complètement rapproché dans l'abrazo fermé, dans un corps à corps total, où les bustes sont complètement en contact, on se prend dans les bras. On peut également ouvrir l'abrazo et ne pas être complètement en contact, pour certains danseurs, surtout les débutants, mais on peut également ouvrir de temps en temps. Mais en tout cas, ce contact là on ne le lâche jamais pendant les douze minutes que l'on va passer ensemble. Alors qu'en rock, en salsa ou dans d'autres danses, on ouvre le contact, on se rapproche, on s'éloigne, on peut ne se toucher que par les bras ou les mains et évidemment ce n'est pas du tout le même niveau d'intimité, et de nécessité de garder cette intimité dans le couple, pour pouvoir continuer à marcher ensemble, pour pouvoir continuer à s'écouter dans les interactions réciproques.

Le guideur ou la guideuse est responsable uniquement du chemin parce-qu'il a les yeux ouverts et regarde dans le sens de la marche. Il est donc garant de la bonne marche du couple et qu'il n'y aura pas d'accident. Mais, les deux sont à l'écoute l'un de l'autre. L'un guide et l'autre répond. Le mouvement en suivi n'est qu'une réponse au guidage, qui lui même entraînera, dans le suivi par l'écoute, une nouvelle proposition de mouvement, avec une certaine énergie, une certaine dynamique, un certain rythme, qui n'était pas celui que le guideur avait imaginé avant l'interaction. Le guideur peut imaginer le premier pas et en fonction de ce que la suiveuse va lui répondre corporellement, il va adapter la réponse de son deuxième pas en fonction de ce qu'il aura ressenti de cette entrée en contact dans l’abrazo et de l'énergie partagée.

Voilà, cela me paraît extrêmement spécifique du tango argentin. Je ne connais pas toutes les danses du monde mais en tout cas je connais bien celle-ci. Je connais également bien la danse-contact-improvisation, qui me nourrit beaucoup, qui a beaucoup de points communs avec le tango, sauf les codes. Je m'en sers beaucoup pour permettre d'être en connexion et en maintien de contact dans tout un jeu de transfert de poids avec le ou les partenaires, qui est très intéressant. La seule différence c'est qu'il n'y a pas le jeu des codes, où lorsqu'en danse contact je rentre en contact avec un partenaire, je ne sais pas quand l'autre va partir et je ne sais pas quand moi je vais partir non plus. C'est complètement libre, alors qu'en tango, à priori, si on s'est invité, on joue le jeu jusqu'au bout, pendant dix à douze minutes.

-Ouest Track Radio: Pour terminer l'émission, quel musicien de tango admirez-vous?

-Véronique Saféris: Bien écoutez, je les admire tous, c'est une question très difficile, parce-que plus j'avance, plus je les découvre. Vous savez, j'étais musicienne professionnelle pendant une bonne partie de ma vie et c'est absolument sans fin. Je découvre chaque jour de nouveaux morceaux, même peut-être certains qui ne m’attiraient pas il y a une dizaine d'années mais que maintenant j'écoute différemment. Lorsque j'ai des coups de cœur, j'écoute sans arrêt, toujours le même morceau. D'ailleurs, mes élèves en bénéficient beaucoup, je leur dis souvent "voilà mon coup de cœur du moment", et on l'écoute en boucle en première partie pour bien rentrer dans la musique, arriver à improviser, à vraiment écouter les petits détails de cette musique. Je travaille aussi beaucoup sur l'interprétation musicale, l'analyse musicale, rythmique, la mélodie, l'harmonie, le rythme, le vocal... Evidemment en tant que musicienne, je fais beaucoup d'analyse musicale pendant mes cours, et j'ai des coups de cœur. Vraiment, je les aime tous. Je peux dire que j'ai quand même, depuis quelques années, quelques grandes tendances, mais je sais que ça va changer donc il m'est difficile de vous donner certains noms. Je dirais peut-être les Carlos Di Sarli de l'âge d'or, puis Roberto Firpo que j'aime beaucoup aussi, puis Fresedo, j'aime tous les Fresedo aussi... Il y a tellement de styles différents au fil de l'histoire de l'évolution de cette musique, en relation avec tous les autres compositeurs évidemment. Il y avait beaucoup d'échanges à Buenos Aires à cette époque. Voilà, c'est une question complexe, à laquelle je ne peux pas facilement répondre...

-Ouest Track Radio: Une œuvre en particulier de Carlos Di Sarli?

-Véronique Saféris: Et bien, j'aime beaucoup de puis quelques mois A la luz del candil ou Un Lamento, par exemple, pour ne citer que ces deux titres...

-Ouest Track Radio: Au cours de ce programme vous avez pu écouter Por la Huella de Rodolfo Biagi, Morena del Novecientos (900) Julio de Caro, Griseta musique d'Enrique Delfino, paroles de José Gonzalez Castillo, orchestre de Carlos Di Sarli. Vous pouvez retrouver les informations sur le site internet et la page facebook de l'émission et aussi sur le site de Véronique Saféris, veroniquesaferis.com

Terminons en écoutant A la luz del candil de Carlos Di Sarli, et Mi vieja linda d'Emilio Pellejero.

Merci beaucoup, Véronique Saféris, d'avoir accepté cet entretien pour l'émission El tango sur Ouest Track Radio.

Véronique Saféris: Merci beaucoup à vous, avec plaisir.

 

 

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